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Immortels , Chapitre 1

  • JuliaRJ
  • 11 mars 2018
  • 25 min de lecture

Voilà, Immortels a été édité il y a trois ans tout juste ( le 8 mars ) et à cette occasion j'ai décidé de vous partager ici aujourd'hui, comme je l'ai fait avec le premier Tome d'Annéa, le premier chapitre ! N'hésitez pas à me donner votre avis, à partager et à vous rendre sur lulu.com ou amazon pour commander votre exemplaire au format papier ou E-book dès aujourd'hui :)

.1.

Ce jour là commençait comme de nombreux autres dans la capitale. En ce mois d'avril, le temps était encore frais, mais les jours devenaient beaux et les arbres se paraient de leurs feuilles et bourgeons. Le soleil transperçait les feuillages des arbres qui se trouvaient en bordure de l'avenue fréquentée. Un bus bondé s'arrêta en face d'un bâtiment blanc dont la façade était sculptée comme un bijou néo-baroque. Le tribunal était encore somnolant à cette heure, mais bientôt, les bruits des pas pressés, des chaises que l'on bouscule, des portes que l'on claque, des sirènes des voitures de police qui s'engouffrent dans la cour de l'autre côté du bâtiment, tout cela suffirait à faire oublier le calme encore ambiant qui habitait les entrailles de la bâtisse. Les rideaux presque transparents accrochés aux hautes fenêtres se balançaient au souffle du vent, au même rythme lent et serein que les branches des arbres du parc tout proche. Les voitures, les motos, les bus, les passants s'engouffrant vers la bouche du métro ou en sortant, continuaient leur ballet incessant. Mais une jeune femme élégante sortit du bus qui redémarra aussitôt après, reprenant ainsi sa course effrénée contre le temps, la laissant pensive sur le trottoir bondé. Un rapide coup d'œil à sa montre lui indiquait qu'elle n'avait encore que quelques courtes minutes de répit avant de se rendre à son premier rendez-vous de la matinée. Elle soupira longuement en levant les yeux vers le tribunal où elle travaillait. Un souffle de vent emporta quelques mèches de ses cheveux blonds qui dansèrent doucement sur sa joue gauche. Elle les repoussa d'un délicat mouvement de la main et referma ses doigts sur l'attaché-case, qu'elle tenait dans la seconde, avant de se diriger vers le bâtiment. Ses talons résonnaient sur les marches imposantes alors que son regard aussi bleu que l'océan restait toujours fixé loin devant elle, sur ce point invisible qu'elle seule semblait pouvoir voir. Une fois passée la lourde porte en bois et en fer forgé, elle traversa le hall presque vide au pas de course. Elle s'engouffra dans un ascenseur la menant à l'étage où se trouvait son bureau. Un bref regard dans le miroir la rassura et lui laissa un radieux sourire sur les lèvres. Car, décidément, elle ne faisait pas son âge. L'homme avec qui elle avait dîné quelques jours auparavant avait misé sur quarante ans, tout au plus. L'ascenseur émit un son pour signaler à son occupante qu'elle était arrivée à destination, puis, les portes s'ouvrirent. Il ne fallut que quelques courtes secondes à la jeune femme pour en sortir et emprunter le couloir large et spacieux. Elle l'arpenta d'un pas assuré, passant ainsi devant les bancs en bois encore inoccupés, avant d'ouvrir une porte et d'entrer dans une pièce lumineuse.

Une vieille femme aux cheveux grisonnants, leva les yeux vers elle. Les documents qui avaient envahi son bureau menacèrent de tomber, tant la pile était vacillante, mais elle accorda un sourire franc à celle qui était entrée.


- Bonjour Maître, dit-elle de sa voix enraillée.

- Bonjour Louisa, répondit celle-ci en souriant, comment allez-vous aujourd'hui ?

- Oh bien, soupira-t-elle, et vous ?

- Je me porte bien, merci. Mais en ce qui qui vous concerne, je n'en ai pas l'impression, lança la jeune femme en fronçant les sourcils, vous semblez contrariée.

- C'est ma petite fille, répondit simplement la vieille femme.

- Qu'a-t-elle encore fait ?

- Un tatouage. Mon fils devient fou. Elle leur en fait voir de toutes les couleurs et c'est de pire en pire.

- Un tatouage ce n'est pas si grave que cela. Beaucoup de personnes en ont vous savez et ce n'est pas pour cette raison qu'ils se laissent pousser les cheveux, qu'ils conduisent des motos et qu'ils font le tour des Etats-Unis en auto-stop.

- Je vois où vous voulez en venir, rétorqua Louisa, mais elle est encore jeune.

- Et là, je vois où vous voulez en venir vous, répondit la jeune femme en riant.

- Je n'insinue pas que vous êtes mûre, seulement vous êtes une femme d'âge respectable et qui a un poste important, une bonne situation…

- Et je conduis une moto, ajouta-t-elle en souriant, ne vous en faites pas pour si peu. Il y a bien pire que cela dans notre monde, ne croyiez-vous pas ?

-Si, bien entendu, acquiesça la secrétaire, mais je crois aussi que vous ne pouvez pas bien comprendre, vous n'êtes pas mère. Vous agiriez autrement si tel était le cas.

- Mmh, sans doute est-ce la raison, murmura-t-elle, revenons à notre travail si vous voulez bien, je suis persuadée que tout s'arrangera pour votre petite-fille, reprit-elle avec plus de sérieux pour mettre un terme à la conversation, avez-vous eu des appels pour moi ce matin ?

La vieille femme fouilla sur son bureau encombré et lui tendit deux papiers griffonnés à la va-vite.

- Le juge Robert souhaite vous voir ce matin pour l'affaire Canselm et l'inspecteur Lamare demande à ce que vous le rappeliez dès que possible, sans pourtant me dire de quoi il s'agissait.

- L'inspecteur a téléphoné aujourd'hui ? s'étonna la jeune femme.

- Oui, répondit l'autre en souriant, il semblait déçu de ne pas pouvoir vous joindre sur votre portable.

- Je me demande quand il trouve le temps de dormir, il m'a laissé un message hier au soir déjà.

- Ce n'est un secret pour personne que les inspecteurs n'ont besoin que de peu d'heures de sommeil. Et depuis votre rendez-vous…

- Ce n'était pas un rendez-vous, coupa aussitôt la jeune femme en rougissant, nous avions besoin de parler d'une affaire et il me devait un restaurant.

- Qui s'excuse, s'accuse.

- Présumé innocent jusqu'à preuve du contraire. Elles se sourirent gentiment alors que la jeune femme se dirigea vers son bureau.

- Dois-je rappeler l'inspecteur Lamare ? demanda la secrétaire.

- Je le ferai, merci Louisa. J'ai trois clients à voir ce matin ainsi que le juge Robert, mais pour le déjeuner, ne prenez aucun rendez-vous, je dois voir une amie qui vient de province. Elle m'a prévenu au denier moment de son arrivée. Ça doit faire une éternité que je ne l'ai plus revu.

- Une amie d'enfance ?

- On peut dire ça comme cela en effet, dit-elle en souriant largement, à plus tard.


Elle fit volte face et entra dans son bureau sans attendre la moindre réponse de sa collègue de travail. Elle referma soigneusement la porte derrière elle, posa son attaché case et ses post-its sur son bureau avant de se laisser tomber dans son fauteuil confortable. La pièce était envahie par des livres épais sur les longues étagères en bois, ainsi que sur plusieurs meubles. Des dossiers de toutes les couleurs se trouvaient eux aussi parsemés aux quatre coins de la pièce. Le travail ne manquait pas. Mais pourtant, tout semblait parfaitement bien rangé à sa place, il ne régnait aucun désordre apparent. La décoration était soignée et sans superflu. Des cadres avec des lieux historiques de la capitale, ainsi que des bâtisses italiennes datant de la renaissance se trouvaient accrochés aux murs clairs. Des palais, des maisons de maîtres et des lieux chargés d'histoires que l'on voyait dans un bon nombre d'ouvrages d'art et d'architecture. Le souffle léger du vent entrait par la fenêtre entrouverte, faisant ainsi voler doucement le rideau blanc. Les fleurs qui se trouvaient dans le vase sur le meuble à côté du bureau de la jeune femme, se courbèrent un instant avant de reprendre leur place initiale. L'avocate se leva et se dirigea vers la fenêtre. Ce courant d'air l'avait fait frissonner. Elle prit la poignée d'une main et poussa la fenêtre doucement. Après un léger grincement, celle-ci se ferma. La jeune femme voulut remettre parfaitement le rideau, mais son regard se posa sur la foule qui se pressait sur le trottoir en face. Elle avait cru y voir une carrure familière, là debout face à elle, immobile. Ses yeux balayèrent les visages inconnus, tous baissés vers le sol. Elle s'approcha un peu plus de la vitre pour voir aussi loin qu'elle le pouvait. Pourtant, elle ne vit rien. J'ai simplement dû avoir rêvé, se dit-elle. Alors elle repoussa cette idée dans un coin de sa tête, se demandant si des vacances loin, à une quelconque destination sous le soleil, ne lui ferait pas le plus grand bien. Puis, elle quitta la fenêtre pour rejoindre le fauteuil sombre qu'elle avait délaissé quelques secondes plus tôt. Elle s'y assit et le rapprocha de son bureau. D'un geste aujourd'hui machinal, elle repoussa une mèche de ses cheveux derrière son oreille et s'humidifia les lèvres comme pour se donner du courage. Elle aimait son métier, cela ne faisait aucun doute, mais certains jours, elle avait l'esprit ailleurs et rien ne semblait pouvoir la faire retomber sur Terre. Elle s'obligea à chasser toute pensée n'ayant traits avec son travail pour s'y plonger enfin pleinement.


Le nez plongé dans ses affaires elle ne vit pas les heures passer et très vite l'heure du déjeuner était arrivée. Elle avait enchaîné les rendez-vous, les appels téléphoniques et quelques recherches sur son ordinateur, pour enfin remarquer avec soulagement que le moment était venu pour elle de retrouver cette amie venue de province et qu'elle n'avait plus revu depuis des années. Elle se leva enfin et prit sa veste sombre d'un bref mouvement de la main. Ses longs et fins doigts effleurèrent le clavier de son ordinateur qui s'éteignit aussitôt. Elle s'éloigna de son bureau pour prendre le sac à main qu'elle jeta sur son épaule juste après avoir enfilé sa veste. Elle continua d'avancer vers la porte sans ralentir l'allure une seule seconde, puis elle la passa et la referma aussitôt derrière elle. Elle esquissa un tendre sourire à sa secrétaire avant de la saluer et de passer l'autre porte. Elle fit le chemin inverse du matin même, rencontrant beaucoup plus de monde qu'elle salua au fur et à mesure qu'elle avançait dans les couloirs, sous les arcades en pierres et dans le parc, où son amie l'attendait déjà. Celle-ci se trouvait assise sur un banc, le regard perdu dans un livre épais. La jeune femme sourit en s'avançant vers elle avant de prendre la parole à quelques centimètres d'elle.


- Tu ne viens jamais à Paris, et quand tu es là, tu te plonges dans un livre, dit-elle en riant.

Son amie leva aussitôt la tête vers elle pour lui sourire en retour.

- C'est parce que je n'ai pas beaucoup de temps pour moi à la maison. Je profite d'être en déplacement pour le faire.

Elle se leva et ferma brusquement le livre.

- Eh bien, les quelques jours où tu seras ici, tu n'auras plus le temps, je te le garantie.

Elles s'approchèrent un peu plus et se serrèrent dans les bras l'une de l'autre.

- Ça me fait plaisir de te voir Diane, soupira la jeune femme aux boucles brunes dans les bras de son amie.

- Moi aussi, répondit celle-ci de la même façon.

Elle se séparèrent enfin et se sourirent de plus belle.

-Tu es descendue à quel hôtel ? demanda Diane.

- Le meilleur, répondit son amie en souriant.

- Hors de question, dit-elle en levant les yeux au ciel, je ne veux plus te voir remettre les pieds là-bas.

- Parce que la dernière fois que tu m'y as accompagné nous en gardons toutes les deux un souvenir douloureux et quelques cicatrices ?

- Ne me rappelle pas ce désastre, je ne pouvais pas imaginer que ton petit-ami de l'époque était le même que le mien. Je m'excuse encore une fois pour ce que j'ai fait. J'étais un peu trop jalouse et ce tisonnier se trouvait trop proche de ma main à cet instant.

- N'en fais rien, c'était une dispute mémorable et pauvre Charles, prit entre nous deux, ça a dû être une dure épreuve pour lui.

- Il en a vu de plus belles, crois-moi, dit-elle en riant encore plus, quoiqu'il en soit, je ne veux te voir dans aucun hôtel, même le plus réputé de la ville. La maison t'est toujours ouverte.

- Très bien, soupira-t-elle, je n'ai aucune chance de gagner contre toi et ton esprit de décision.

- Parfaitement, alors allons manger petite sœur, nous chercherons tes affaires plus tard. J'appellerai un taxi.

- Pourquoi utilises-tu les transports en communs ?

- Plus pratiques, répondit simplement son amie en lui prenant le bras pour faire quelques pas.

- Mais plus long et nettement plus contraignant.

- J'ai toujours aimé me mêler à la foule, après toutes ces années tu ne me changeras pas.

- C'est certain, répondit la jeune femme en riant, une table chez Palazzio pour le déjeuner ?

- Tu me connais trop bien. Elles firent le chemin jusqu'au restaurant, bras dessus, bras dessous en parlant de choses et d'autres. Une fois arrivées, elles prirent une table en terrasse et commandèrent leur repas. A nouveau elles parlèrent de tout et de rien, savourant ces retrouvailles qu'elles avaient espéré pendant des années sans jamais avoir le temps de les planifier. Mais la meilleure amie de l'avocate l'avait contacté il y avait cela plusieurs jours et sans donner plus de détails, elle l'avait informé de son arrivée à Paris. Alors Diane avait accepté sans la moindre hésitation, bien trop heureuse de la revoir après tout ce temps passé loin d'elle. Pourtant, elle pouvait voir son amie garder un regard sombre malgré les rires francs et les sourires qu'elle lui adressait. Elle n'en avait touché mot, jusqu'à la fin du repas, lorsque le serveur leur apporta l'addition et les deux cafés qu'elles avaient commandé. Un silence pesant se fit ressentir, alors Diane avança sa main sur la table pour se saisir de celle de la jeune femme brune assise en face d'elle qui leva les yeux vers elle aussitôt.


- Qu'est-ce qui te tracasse, Liz ? demanda Diane en lâchant sa main.

- Est-ce toujours si facile pour toi de voir que l'on te cache quelque chose ?

- Tu n'es pas bien difficile à déchiffrer tu sais. Si tu ne veux pas m'en parler je l'accepte mais…

- Je dois t'en parler, la coupa la jeune femme, car c'est la raison de ma venue à Paris.

- Un problème avec ton éditeur pour ton prochain roman ?

- Non, c'est bien plus important que cela Diane. J'ai eu une visite il y a de cela quelques jours.

- Une visite ? Rien de grave, dis-moi ? Tu commences à me faire peur, s'inquiéta l'avocate.

- Duncan, dit-elle simplement en baissant les yeux vers la table.

Son amie sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Elle n'avait plus entendu ce nom depuis des années et elle avait espéré ne plus jamais l'entendre. Liz avait raison, la situation était grave, très grave.

- Tu… tu as dû faire erreur, bredouilla-t-elle en tentant de reprendre ses esprits.

- Je sais ce que je te dis Diane, répondit-elle calmement, il est venu me voir. J'ai d'abord cru à une quelconque coïncidence, peut être juste à une ressemblance fortuite. Mais c'était lui.

- Que voulait-il ?

- Toi. Il voulait te voir pour te parler.

- Duncan a disparu depuis des dizaines d'années Liz, je refuse de croire qu'il…

- Fais-moi confiance, insista son amie, je sais au combien tout ceci est douloureux pour toi, si je n'en étais pas certaine, jamais je ne serais venue te prévenir.

- Lui as-tu dis où j'étais ?

- Non, je lui ai répondu que nous n'avions plus de contacts depuis longtemps. Il sembla se satisfaire de ça.

- As-tu pu apprendre quelque chose ? Pour quelles raisons souhaite-t-il me voir ? Et comment il t'a trouvé toi ?

- Je suis navrée. Je ne sais rien Diane, tu le connais bien mieux que moi. Il est malin et plein de ressources.

Il y eu un moment qui se passa dans un silence absolu. De longues minutes où l'avocate tentait de reprendre ses esprits. Si cet homme était revenu se rappeler à elle, cela devait être pour une bonne raison. S'il avait réussi à la retrouver, cela signifiait qu'ils étaient en danger, eux tous. Elle ignorait simplement pourquoi, ni comment.

- Alors c'était bien lui ce matin, lâcha Diane dans un soupir, je pensais que je me faisais des idées. Que j'avais simplement rêvé.

- Tu l'as vu ?

- Aperçu serait plus juste. Il se trouvait en face de mon bureau, dans la rue, j'ai cru le voir juste pendant une seconde.

- Que devons-nous faire ?

- C'est à moi de faire quelque chose. Tu n'as pas à intervenir. Je dois juste protéger certaines personnes et agir pour le bien de tous.

- Tu penses à Aurore ? lança timidement Liz.

- Notamment.

- Où est-elle aujourd'hui ?

- Elle se trouve toujours en Italie à cette heure avec Alfredo et Sandro, mais je dois aller la chercher au plus vite et les prévenir de ce qu'il se passe.

- Ta fille est plus en sécurité loin de toi, surtout si Duncan nous a retrouvé toutes les deux. Il pourrait parfaitement mettre la main sur Aurore s'il apprend où elle vit.

- Elle ne sait pas se défendre seule. Elle ne le connait pas et ne se méfiera pas de lui alors que nous si. Le retour de Duncan est ce qui peut nous arriver de pire. Si il est là, c'est pour une raison et il ne va pas tarder à nous a faire connaitre. Je me dois de tout faire pour protéger Aurore. Je dois être auprès d'elle et être prête à me battre s'il le faut.

- Je me doutais un peu que tu réagirais de cette façon.

- Je n'ai, hélas, pas le choix, soupira Diane, c'est mon devoir envers les miens.

- Veux-tu que je fasses quelque chose pour t'aider ? Car ne compte pas me laisser à la traîne, je suis impliquée que tu le veuilles ou non.

- Je dois régler quelques affaires au bureau cette après-midi, alors, peut être pourrais-tu prendre deux billets d'avions pour Florence ? Nous devons partir le plus tôt possible.

- Bien entendu, acquiesça son amie.


Elles se levèrent au même moment, laissant l'argent sur la table et quittant le restaurant au pas de course. Diane savait au combien le temps leur était compté et elle en voulait à son amie de ne pas lui avoir fait part de ses craintes plus tôt.

Duncan était un fantôme du passé, un passé datant de plusieurs siècles déjà. Le temps où elle l'avait rencontré, celui où ils s'étaient aimés, celui où ils s'étaient déchirés. Il avait détruit la vie de nombreux innocents, tout comme la sienne et celle de ses proches. La longue vie de Diane avait été mouvementée à cause de lui et l'évocation de son simple nom lui donnait des frissons dans le dos, sachant que les ennuis n'allaient pas tarder s'ils n'étaient pas déjà en marche.

La jeune femme rejoignit son bureau sans même prendre la peine de saluer les personnes qu'elle rencontrait sur son chemin. Louisa la regarda passer avec incompréhension mais sans pour autant prononcer un seul mot. Elle ne l'avait que très rarement vu dans un tel état, et cela ne présageait rien de bon. Diane referma la porte de son bureau derrière elle, et se mit à faire les cent pas. Sa course du restaurant jusqu'ici n'avait pas suffit à la calmer. Dans sa tête résonnaient encore et encore les paroles de son amie. Elle fit le tour du meuble sombre pour se laisser tomber dans son fauteuil. Une quantité de choses devaient être réglées en un temps record avant son départ pour l'Italie, mais ses jambes ne semblaient plus vouloir la porter une seconde de plus. Elle devait s'asseoir un instant, le temps que son cœur ne se calme, que son esprit ne s'éclaire et que son corps ne reprenne toutes ses forces. Diane ferma les yeux. Rapidement, des images lui revinrent en mémoire. Des moments passés il y a bien longtemps déjà, des instant qu'elle avait cru avoir oublié pour toujours, mais qui étaient là, bien ancrés au plus profond de sa mémoire.


La pluie tombait sans interruption sur le Colisée. Rome était plongée dans la pénombre la plus totale. En cette nuit de septembre 1467, la ville toute entière était calme et endormie. Deux personnes cependant, battaient le pavé de leurs pas lents. La carrure sombre de l'homme s'avançait vers celle de la femme qui se trouvait en face de lui. Il portait une longue cape le recouvrant de la tête aux pieds, le col montant sur son cou et une capuche avalant une partie de son visage. Un sourire se dessina sur ses lèvres fines et une étincelle éclaira ses yeux noirs. Totalement protégée du vent et de la pluie par sa cape également, la jeune femme continuait son chemin vers lui, d'un pas léger, presque aérien. Quelques uns de ses cheveux dansèrent au souffle du vent, se libérant ainsi de leur prison. A quelques centimètres l'un de l'autre, l'homme sortit sa main de sa cape pour la porter un instant sur la taille de la jeune femme. Mais celle-ci se dégagea de lui aussitôt.


- Diane ? murmura-t-il.

- J'ai besoin de te parler, répondit celle-ci sur le même ton en fuyant son regard.

- A cette heure ? Ici ?

- C'était urgent, et nous ne serons pas dérangés ici. Suis-moi je te prie.


Elle n'attendit aucune réponse de sa part et elle se dirigea vers le bâtiment, se réfugiant sous une arcade imposante. L'homme la suivit doucement et à bonne distance. Une fois à l'abri de la pluie, Diane retira sa capuche et se tourna vers celui qui la rejoignait déjà. Il baissa sa capuche également, relevant des cheveux coiffés en bataille et aussi sombres que la nuit. Un sourire parfait se dessina sur ses lèvres, une fois encore, relevant des dents blanches parfaitement alignées. Il s'approcha de la jeune femme qui ne bougeait pas, gardant son regard ancré dans le sien. Les lèvres de l'homme se posèrent sur la peau douce de Diane qui ferma les yeux un instant, savourant ce souffle chaud dans le creux de son cou.


- Duncan, soupira-t-elle, je t'en prie, je dois te parler, c'est important.

- Nous pourrions discuter plus tard, grommela-t-il dans ses cheveux.

- Non, dit-elle brusquement en s'éloignant, j'ai appris une grave nouvelle.

L'homme fronça les sourcils mais ne dit mot pour autant, attendant simplement qu'elle ne reprenne la parole. Elle laissa voyager son regard sur le sol en soupirant profondément.

- Les vols et les meurtres ont repris de plus belle, dit-elle, et ils pensent avoir trouvé un coupable.

- Les coupables, corrigea Duncan, cette milice est secrète et elle est composée d'une quinzaine d'hommes, tu le sais tout aussi bien que moi. Trouver un coupable est chose impossible.

- Nous connaissons leur dirigeant, toute la cour n'a que son nom à la bouche depuis ce matin.

- Je ne prête plus attention depuis longtemps déjà aux rumeurs colportées à la cour et je croyais que tu en faisais de même, dit-il d'une voix dure.

- Cette fois-ci, ce ne sont pas des rumeurs, je sais qu'ils tiennent enfin le coupable.

- Je ne pensais pas devoir te rejoindre ici ce soir, pour entendre parler des affaires de la cour. Cette milice est le cadet de mes soucis.

- Pourtant, c'est important, ne crois-tu pas ? S'ils décidaient de s'en prendre à nous ?

- Ça n'arrivera jamais, crois-moi, soupira le jeune homme.

- Sans doute parce que toi aussi tu connais l'identité de cet homme.

- La connais-tu ? Car si tu me dis que tu te contente de faire confiance à ces…

- J'en ai la preuve, le coupa Diane, ce ne sont pas simplement des rumeurs. Et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne l'attrapent et ne le condamnent.

- Qui est-ce ? demanda-t-il la gorge nouée.

- Je crois que tu le sais, répondit-elle en un souffle sans même quitter son regard.

Duncan ne répondit pas et lui tourna le dos, regardant la pluie tomber à quelques centimètres de lui, tel un rideau. Ainsi, le silence dura plusieurs minutes, lorsque Diane décida de le briser enfin. Elle s'approcha de l'homme qu'elle connaissait depuis des années et doucement, sa main se posa sur son épaule.

- Dis-moi qu'ils mentent, dis-moi que j'ai fait erreur, dis-moi que ce n'est pas toi Duncan.

- Tu me crois déjà coupable, ce que je dirais ne pourra rien y changer, dit-il sans la regarder pour autant.

- Alors, c'est bien vrai, murmura Diane d'une voix qui se brisa dans sa gorge.

- J'en ai peur, et il va falloir fuir à présent, je suis désolé Diane mais il va falloir tout quitter ici.

- Nous ?

- Nous avons assez de temps et de moyens pour que tu puisse venir avec nous ainsi que John. Les hommes t'accepteront, ils n'auront pas d'autre choix, même s'ils protestent.

Il se retourna et caressa tendrement la joue de la jeune femme.

- Partons dès ce soir, reprit-il, quittons cet endroit, nous n'y sommes pas à notre place. Il nous suffit de partir quelques années, lorsque la cour sera dissoute, nous pourrons vivre à nouveau ici, si tu le souhaites, ou vivre à Paris, ou Londres, tu n'auras qu'à choisir. J'irai où tu choisiras de vivre.

- Je ne peux pas.

- Pourquoi ? N'est-ce pas ce dont tu as toujours rêvé ? Je t'offre la liberté pour de très nombreuses années, pour toute notre vie.

- Non, Duncan, soupira Diane en regardant le sol.

- Donne-moi la raison pour laquelle tu refuses ?

- Parce que je hais ce que tu fais, ajouta la jeune femme en le regardant à nouveau, depuis des années tu tues et voles des innocents, depuis tout ce temps tu sais ce que je pense de ces hommes qui terrifient tout le pays. A présent que je sais que tu en es le chef, crois-tu que je veuilles te suivre ? Il en est hors de question.

- Je ne renoncerai jamais à ma liberté, tu m'entends ? Si tu n'es pas assez courageuse pour me suivre, je…

- Cela n'a rien à voir avec du courage, coupa la jeune femme, tu dois payer pour tes crimes et je refuse d'en être ta complice.

- Tu es mon épouse. Ils vont croire que tu étais au courant de tout. Crois-tu alors qu'ils vont accepter que tu restes vivre ici ?

- Je partirai moi aussi, mais pas avec toi.

- Vas-tu me livrer ?

- Je le devrais.

- Vas-tu le faire Diane ? insista-t-il en s'approchant d'elle si près qu'elle sentit son souffle sur ses lèvres.

- Je leur dirai tout ce que je sais, mais je te laisse tout de même une journée. Une seule journée Duncan, car tu te dois de faire tes adieux à la personne qui t'aime le plus sur cette Terre.

- Ne suis-je pas sur le point de te les faire ?

- J'ai cessé de t'aimer à la seconde où tu m'as avoué que tu étais un monstre. Je ne veux plus jamais te revoir, car si cela venait à se produire, tu sais aussi bien que moi ce que je me devrais de faire.

- Dans ce cas, dit-il en tirant un poignard de sa cape, fais-le dès maintenant.

Il se saisit des mains de Diane et les plaça sur le manche de l'arme. Puis il leva les yeux vers elle alors qu'il portait la lame vers sa poitrine.

- Duncan, soupira Diane en secouant la tête.

- Fais-le maintenant, tue moi Diane. Car je ne t'en donnerai jamais plus l'occasion et je serai une menace pour toi, toute ta vie. Tu ne pourras pas te cacher de moi, jamais, tu le sais. Tu sais que je ne pardonne pas la trahison. C'est ta seule chance d'en finir. Maintenant.

- Alors nous voici ennemis à présent ?

- C'est toi qui l'as voulu.

Ils restèrent un long moment l'un en face de l'autre, simplement séparés par le poignard toujours pointé vers l'homme, leur regard profondément ancré l'un dans l'autre. Lorsque soudain, Diane retira ses mains, laissant tomber l'arme sur le sol qu'elle regarda un instant, avant de relever ses yeux vers celui qu'elle avait profondément aimé depuis des années mais qu'elle ne reconnaissait plus aujourd'hui.

- Tu as un jour Duncan, demain à cette heure nous sommes ennemis. Adieux. Et puisses-tu ne jamais te trouver sur ma route.

Elle le regarda encore un instant avant de s'éloigner doucement de lui. Elle replaça la capuche sur sa tête et quitta l'arcade sans ajouter un mot, s'enfonçant ainsi dans la nuit noire. Elle l'entendait crier son nom comme un écho lointain et désespéré, mais elle ne se retourna pas, pas une seule fois. Des larmes coulaient sur ses joues, brûlant sa peau, mais pour autant, elle avait pris sa décision Elle disparut rapidement, alors que l'homme se laissa glisser le long du mur froid, se trouvant assis sur le sol, la tête dans ses mains et ses coudes posés sur ses genoux.


Le téléphone portable émit une brève sonnerie qui fit revenir Diane à la réalité. Elle n'avait pas remarqué qu'elle s'était presque assoupie, repensant à un souvenir du passé, bien des siècles plus tôt, la nuit sans doute où son destin avait basculé. Elle secoua brièvement la tête de gauche à droite, espérant ainsi chasser tout ceci de son esprit. Mais le regard de Duncan, restait toujours bien présent, le sentiment qu'elle avait ressenti il y a si longtemps lui écorchait encore le cœur aujourd'hui. Elle regarda son téléphone pour voir pour quelle raison il avait sonné. Liz lui avait informé qu'elle avait pu avoir encore deux places sur le vol de Florence le soir même. La jeune femme se releva d'un bond et se dirigea vers la photographie d'une bâtisse de la Renaissance. Elle la regarda un instant, avant de pousser le cadre et de révéler une petite porte sombre sur laquelle se trouvait un boitier numérique. Elle pianota quelques instants, avant que le coffre ne s'ouvre. Elle se saisit de quelques papiers qu'elle glissa dans son attaché-case, ainsi que d'une arme. Un bref regard vers le chargeur lui indiqua qu'elle pouvait l'utiliser à tout moment si elle en éprouvait le besoin. Elle releva la veste de son tailleur sombre et glissa l'arme à sa ceinture, avant de refermer d'un coup sec le coffre et de replacer la photo devant lui. Elle se dirigea ensuite vers son bureau et fouilla plusieurs tiroirs en hâte. Enfin, elle prit son sac et se dirigea vers la porte. Diane accorda un dernier regard vers son bureau, vers ces dossiers qu'elle ne prendrait pas le temps de regarder et d'étudier, vers cet ordinateur derrière lequel elle passait souvent de nombreuses heures, et qui ne lui était plus d'aucun secours aujourd'hui, vers les photos de ces bâtisses qu'elle allait peut être bientôt fréquenter à nouveau. Elle soupira profondément avant de passer la porte et de la refermer doucement derrière elle. Elle se tourna vers Louisa toujours assise à son bureau et lui sourit timidement, essayant ainsi de cacher son trouble.

- Vous ressortez ?

- Oui, j'ai une affaire importante à régler.

- Rien de grave j'espère ? Vous semblez chamboulée.

- Ne vous inquiétez pas, soupira Diane, une petite affaire de famille sans grande importance, vous savez ce que c'est. On se monte le bourrichon et on imagine le pire, alors que ce n'est sans doute pas le cas.

- Vous ne parlez jamais de votre famille, je peux donc affirmer que c'est bien plus grave que nous ne voulez me le dire.

- Disons plutôt, que c'est… soudain, ajouta Diane, je me dois de régler quelques différents.

- Dans tous les cas, sachez que je suis là si vous avez besoin de m'en parler.

- Merci, je tacherais d'y penser, acquiesça Diane timidement, si vous avez des appels pour moi faites-les transférer sur mon portable, je resterai sans doute absente pour quelques temps.

- Quelques temps ?

- Je dois me rendre à l'étranger, mais je ne peux pas vous en dire plus, vous ne serez pas contrainte de mentir au Juge Robert ou à l'inspecteur Lamare. Terminez les dossiers en cours sur votre bureau, pour le reste, nous verrons plus tard. Je vous tiendrai informée.

- Très bien, comme vous voudrez, répondit la vieille femme, dans ce cas, à bientôt et prenez soin de vous.

- Vous aussi Louisa, à bientôt, dit-elle avant de sortir.

Diane emprunta le couloir animé, l'ascenseur et sortit dans la rue. Elle prit son téléphone et composa le numéro de son amie. Après trois sonneries, celle-ci décrocha enfin.

- Liz, c'est Diane, dit-elle simplement.

- As-tu reçu mon message ?

- Oui, c'est parfait. Peux-tu me rejoindre à la maison ? Tu connais l'adresse.

- Oui, bien sûr.

- Très bien, alors vas-y aussi rapidement que tu le peux et n'en sors pas.

- Diane…

- Je t'en prie, coupa celle-ci, je fais au plus vite mais je ne pourrai pas y être avant quelques minutes. Et si Duncan…

- Ne t'en fais pas, je sais me défendre tu sais. Et il aurait pu me faire du mal lorsqu'il est venu me voir. Hors, il n'a rien fait.

- Je le sais, mais fais ce que je te demande, s'il te plait.

- Très bien, je rentre chez toi et je ne bouge pas avant ton arrivée, message reçu.

- Merci, soupira Diane, à plus tard.

Elle raccrocha alors qu'elle s'engouffrait déjà dans la bouche d'escalier menant au métro. Tout en parlant à son amie, elle n'avait pas ralenti l'allure un seul instant. Elle dévala les marches rapidement, ne regardant, ni à gauche, ni à droite, ne se souciant pas des personnes inconnues qu'elle croisait sur son chemin. Elle s'enfonçait toujours un peu plus dans les entrailles de la terre, empruntant les couloirs tortueux et les escaliers abîmés. Diane arriva sur le quai du métro. Elle voulut monter dans le wagon qui s'arrêta à sa hauteur, mais une carrure imposante avança devant elle. Elle ne put que s'arrêter subitement, sentant ainsi son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle sentit ses mains trembler un court instant, ses yeux ne pouvaient quitter le regard de l'homme qui approchait d'elle doucement. Elle ne bougea pas d'un millimètre lorsqu'il parcourut les derniers mètres qui le séparaient d'elle. Vêtu tout en noir, portant une veste en cuir, les cheveux sombres parfaitement plaqués sur sa tête, lui tombant jusque dans la nuque et effleurant ses oreilles, Duncan se tenait là, souriant. Il ne semblait pas avoir changé depuis la dernière fois où elle l'avait vu, hormis cette fine cicatrice qui barrait sa joue gauche.

- Ma douce, murmura-t-il d'un voix grave, tu n'as guère changé depuis notre dernière rencontre, et tu es toujours aussi belle.

- Que fais-tu ici ? murmura Diane à son tour en sentant sa gorge se nouer.

- Je voulais te faire une visite de courtoisie.

- Dans un métro parisien ? Entouré de tes hommes de mains ?

- Mais il ne tient qu'à toi de me suivre pour aller dans un endroit plus calme.

Il lui tendit la main qu'elle regarda à peine avant de faire un pas en arrière. Il sourit de plus belle et reprit la parole avec calme.

- Ne te fais pas prier Diane, je ne vais pas te faire de mal.

- Crois-tu qu'il suffise de ces quelques mots pour que je te fasse confiance ?

- Viens avec moi, s'il te plait.

- Pourquoi le ferais-je ?

- Nous avons besoin de parler tous les deux.

- Cet argument n'est pas suffisant, je suis navrée il te faudra trouver mieux.

- Alors, fais-le pour revoir John, répondit-il simplement, il a bien changé lui aussi.

- Non ne me fais pas de chantage, ria-t-elle doucement de ce rire sans joie mais envahi par la crainte, et éloignes-toi, dit-elle en pointant son arme qu'elle dissimulait dans un pan de son manteau vers lui, je t'ai dis que je ne voulais plus jamais te revoir et que si une telle chose se produirait, je serais contrainte de t'abattre.

Aussitôt qu'elle eu terminée sa phrase, cinq autres hommes vêtus de noir, dégainèrent leurs armes et les pointèrent vers elle en une fraction de seconde. Duncan rit aux éclats en approchant un peu plus d'elle, accordant à peine quelques brefs regards aux rares passants qui n'avaient pourtant rien remarqués de leur échange.

- Tu es intelligente Diane, tu ne me tueras jamais ici et maintenant. Tu prendrais trop de risques et tu as peur de ça.

- Tu as raison sur un point, je ne devrais pas te tuer aujourd'hui, j'aurai dû le faire il y a longtemps déjà. Mais saches que tes sbires ne me font pas peur, ils peuvent bien tirer lorsque je t'aurais abattu. Je n'ai rien à perdre.

- Le crois-tu vraiment ?

- Doutes-tu réellement de ma détermination ?

- Dis-moi plutôt comment se porte Aurore ? L'Italie lui convient-elle ? Je sais que la Toscane est superbe à cette période de l'année.

Un éclat de fureur traversa les yeux de Diane qui ne répondit rien pour autant. Elle se contentait de le regarder, en silence, pinçant nerveusement sa lèvre inférieure.

- Suis-moi, ou je la fais abattre dans la seconde. Tu sais que j'en suis capable, alors prends la bonne décision.

- Tu crois que le chantage fera toujours des autres des marionnettes entre tes mains ? souffla la jeune femme. Et si je refusais simplement de t'écouter ? Que m'en coûtera-t-il ?

- Je ne souhaite pas te faire de mal Diane car tu m'es bien trop précieuse. Ta fille en revanche ne m'est d'aucune utilité et te l'enlever sera un jeu d'enfant qui plus est.

Diane resta immobile encore quelques instants assimilant ainsi les dernières paroles de l'homme qui se tenait toujours en face d'elle, puis doucement, elle baissa la main dans laquelle elle tenait l'arme. Elle la fourra à sa ceinture à nouveau et acquiesça.

- Très bien, dit-elle, je viens avec toi.

- Sage décision, répondit Duncan.

- Ne me piège pas Duncan ou tu le regretteras.

- Je ne m'aventurerai pas à ce petit jeu là, je ne te connais que trop bien.

- Moi aussi je te connais, répondit aussitôt Diane, ne l'oublie pas.

Il adressa un mouvement de tête à ses compagnons, qui baissèrent les armes aussitôt et s'éclipsèrent en quelques instants, engloutis par la foule qui se pressait à nouveau sur le quai pour un second balai à l'arrivée d'un autre train. Duncan s'approcha de la jeune femme et tendit une fois encore la main vers elle. Elle s'en saisit avec hésitation mais sans quitter son regard, puis, une seconde plus tard, ils disparurent dans un nuage de poussière à peine perceptible. Personne ne remarqua leur évaporation soudaine et étonnante. Personne ne pouvait penser une seule seconde que le monde qu'ils connaissaient allait changer du tout au tout. Personne ne pouvait se douter un seul instant que l'engrenage était déjà en route, que dans quelques heures, leur quotidien ne serait plus en rien le même que celui qu'ils connaissaient et que les choix de certains allaient sceller les destins des autres. Pour toujours.




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J'espère que cet extrait vous a plu et vous a donné envie d'en savoir plus ! Pour ça, vous savez quoi faire ;)

A bientôt


*** Julia R. ***


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