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Les premières pages d'Origines

  • JuliaRJ
  • 10 juin 2019
  • 9 min de lecture

Bonjour à toutes et tous,


Aujourd'hui j'ai décidé de partager avec vous le premier "draft" du début d'Origines.

Le passage mérite d'être retravaillé, je n'en doute pas, mais j'avais à cœur de vous faire lire un passage. Je suis un peu plus loin de la moitié de ce roman, le moment où tout se joue et je dois dire que ça en devient presque "douloureux", ah oui, nous les auteur-e-s nous sommes un peu compliqué-e-s.

Quoiqu'il en soit en ce long weekend pluvieux, je voulais faire le point sur le roman et je me suis dis que j'allais vous partager le début de celui-ci.


Alors voilà un avant goût du tome "Origines".

Bonne lecture.

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"Origines" - Draft Chapitre 1 - Julia Rebert

.1.

La nuit était noire, son lourd voile recouvrait la ville et les dunes de sables et de rochers tranchants l'entourant. Le soleil avait disparu depuis bien longtemps mais pourtant il ne faisait pas moins chaud pour autant. Les feux qui ravageaient une partie de la ville semblaient gagner en intensité à chaque minute qui passait. Les flammes léchaient les hautes murailles, les toits s'effondraient dans un fracas sans nom. Le vent venant du désert attisait les feux et la colère des assaillants. Trois jours qu'ils attendaient pour attaquer, trois jours que la tension montait dans les rangs des soldats pourtant habitué à faire des sièges. La rébellion s'était mise en place et ce soir là, elle s'était réveillée. Ce soir là, à la nuit tombée, les premières flèches étaient tombées, les premiers hurlements s'étaient fait entendre et les combats avaient commencé. L'immense brasier brûlait depuis des heures, l'odeur des corps qui carbonisaient entourait tout le campement. Le plus gros des troupes se trouvait dans le dédale des rues étroites à combattre jusqu'à la mort, à arrêter ces femmes, enfants et vieillards pour les conduire sur la place publique encore épargnée. Là, les épées s'abattaient sur leur tête sans aucune forme de procès. La prison était détruite, des soldats y avaient été emprisonnés, torturés pendant des heures. Certains eurent encore la force de combattre auprès de leurs compagnons qui étaient venus les libérer, d'autres savaient qu'ils ne servait à rien de courir, de vouloir s'enfuir ou se cacher, ils seraient retrouvés et exécutés au coin d'une rue.


Dans cette ville en proie aux flammes, marchait un homme grand aux cheveux aussi noirs que la nuit, vêtu d'une armure, d'une côte de maille et d'une cape blanche sur laquelle se trouvait une croix rouge. Philippe de Malay marchait d'un pas lent entre les décombres, les corps sans vie ou agonisant, tenant d'une main sûre son épée le long de son corps. Il gardait un foulard autour de son cou et il l'avait remonté jusque sur son nez. De ses yeux marrons, il scrutait chaque recoin. D'autres villes étaient tombées avant celle-ci, il y a bien longtemps lors de la première croisade. Aujourd'hui il se trouvait en Terre Sainte pour y maintenir l'ordre et la sécurité des croisés. Il avait combattu pendant des années sur les champs de batailles. Mais ce soir là, il ne pouvait qu'haïr cet instant, cette barbarie, ce carnage sans nom. Comment avait-il pu en arriver là ? Comment pouvait-il tolérer que l'on assassine ces pauvres gens ? Philippe haïssait tout ce que la folie et l'ambition d'un roi pouvaient entraîner comme ravages. Il se haïssait lui-même pour tout les crimes qu'il avait commis. Et pourtant, il se trouvait là, marchant parmi les décombres et les cadavres de ces pauvres innocents, se cachant le nez pour tenter de limiter l'odeur de la chair humaine qui brûlait. La fumée noire lui piquait les yeux, sa respiration était difficile. Il avait l'habitude de porter de lourdes charges sur les épaules, et il y avait bien longtemps qu'il ne sentait plus le poids de la côte de mailles et de son armure. Des années de combats, de voyages dans les terres brûlantes de Jordanie, du Maroc ou d'Andalousie. Philippe avait enduré bien des contraintes physiques. Bien des fois il crut mourir, étouffé par le poids qui recouvrait son corps. Et pourtant, jamais comme aujourd'hui cette armure censée le protéger n'avait été plus lourde et pesante.


Ses doigts étaient serrés sur son épée, engourdis, son esprit était en alerte. Il ne devait pas périr ce jour là, et il ne le ferait pas. La mission confiée par Hugues de Payns, premier Maître de l'Ordre du Temple, à sa mort, était bien trop importante.

Philippe enjamba un autre amas de pierres tombées au sol pour bifurquer dans une rue étroite. Il leva les yeux vers les bâtiments qui l'entouraient, priant pour qu'ils ne s'écroulent pas sur lui à son passage. La chaleur était encore bien plus intense ici mais les alentours ne semblaient pas présager de dangers immédiats. Il prit alors une profonde inspiration, aussi profonde qu'il le put et il s'engagea dans ce dédale de pierres, de bois et d'étoffes en feux. Il savait ce qu'il cherchait, et lorsque nous savons quoi chercher, même dans le chaos, nous le trouvons toujours.

Il se trouva en quelques minutes à peine à une bifurcation. Le bruit des lames s'entrechoquant à sa gauche lui indiquait vers où se trouvait la place centrale. Là où les combats faisaient encore rage, dans un dernier effort de la part des habitants de repousser les assaillants et d'empêcher les massacres perpétrés. Philippe savait qu'ils se battaient en vain, la division de Croisés finissait toujours par gagner chaque ville qu'elle assiégeait. Malgré quelques défaites et des pertes considérables, elles finissaient par toutes tomber. Il savait que celle-ci ne dérogerait pas à la règle, mais il admirait avec quelle force, courage et détermination ses habitants se défendaient. Il prit à droite, la maison du boulanger se trouvait à cent mètres en bas de la rue. Il était proche. Mais en une fraction de seconde, il leva sa main droite, brandissant son épée pour éviter qu'une lame de sabre aiguisée ne lui tranche la gorge. Un homme était sorti d'un renfoncement d'un mur. Tout aussi grand que lui, à la peau mate et aux yeux noirs, vêtu d'un long habit de la couleur du sang qui imprégnait chaque rigole de la rue pavée, il lui faisait face, l'empêchant de faire un pas de plus. Un autre coup s'abattit sur lui et il riposta avec force et rage. Le chevalier devait bien l'avouer, ce "barbare" savait manier le sabre, il savait se battre comme il n'avait que rarement vu un homme le faire dans sa vie, même lorsque cela avait été une question de survie. Il était déjà à bout de souffle, sentant la fumée lui brûler la gorge. La respiration saccadée, il continuait de se battre, cette fois pour sa propre survie à lui. -Je ne souhaite pas vous tuer, lança l'homme en face de lui, épargnez cette ville et ses habitants, rentrez chez vous. Et ne revenez plus jamais. -Je crains cela impossible, répondit-il d'une voix étouffée derrière son foulard, je suis ici pour une raison bien précise et je compte bien prendre ce que je suis venu chercher. -Vous ne savez pas ce que vous faites, pauvre fou. Philippe ne répondit pas. Il savait que cet homme devait avoir raison, que tout ceci n'était que pure folie, qu'aucun homme ne devrait mourir pour quelques terres, quelques richesses. Il savait que tous ces pauvre gens étaient innocents, que des femmes et des enfants étaient sacrifiés pour une cause qu'il ne comprenait pas toujours. Il savait qu'il aurait agis comme eux si sa ville avait été attaquée, si toute sa famille allait être tuée. Si il avait eu une famille et quelqu'un qui l'avait attendu de l'autre coté de la Méditerranée.


Lorsqu'il planta son épée profondément dans le corps de son ennemi, il regretta qu'il eu dû en passer par là. Il plongea son regard dans le sien, juste un instant avant qu'il ne perde la vie dans cette ruelle dans un dernier souffle. -Ne l'utilisez jamais. Son pouvoir...il vous tuera. Il m'a tué. Elle est maudite, maudite. Il regarda cet homme mourir, comme il l'avait fait tant de fois. Et pourtant aujourd'hui, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait commis une erreur, que peut être les mises en garde de ce mourant n'étaient pas à prendre à la légère. Il lui jeta un dernier regard, il se pencha vers lui pour lui fermer les yeux, puis, sans un mot, il quitta son corps et il reprit son chemin.

La maison du boulanger était identique à toutes les autres. En pierres blanches, une petite porte en bois, un toit plat et une simple petite fenêtre donnant dans la rue. Mais sur le fronton se trouvait gravé un symbole. Une salamandre. Philippe regarda la gravure un instant avant d'ouvrir la porte d'un coup de pied. Elle céda sans difficulté et il entra dans la fournaise. En quelques minutes à peine il trouva la petite boite en bois épargnée par les flammes dans un pot en terre. Un regard suffit pour savoir qu'il avait trouvé ce qu'il était venu chercher et en un bond, il avait déjà quitté la demeure dont le plafond s'effondra avec fracas juste derrière lui.

Il se réveilla en sursaut. Il pouvait encore sentir la chaleur l'entourer, cette odeur de chair brûlée, de sang, de cendres. Sa gorge était sèche et il avait bien du mal à respirer correctement. Il devait se calmer, reprendre ses esprits. Il était bien loin de la ville qui avait brûlé jusqu'au tout dernier bâtiment. Il était loin du désert rocailleux et sec. Il était loin des atrocités, loin de cet enfer. Et pourtant, il ne pouvait chasser de son esprit la sensation d'être entouré par les flammes. Et ce regard, celui de l'homme qu'il avait tué sans remords. Ce regard sombre le hantait. Parfois celui d'un soldat qu'il avait combattu lui revenait en mémoire. Parfois des cris le glaçaient d'effroi dans son sommeil. Parfois un visage, une voix, un parfum lui rappelait ceux qu'il avait rencontré pendant ses années de voyages et de combats. Il n'y avait pas une seule nuit où il ne faisait pas de cauchemar et Philippe savait qu'il en ferait probablement toutes les nuits de sa vie.

Assis dans son lit, il se frotta un instant le visage. Il devait oublier ce qu'il avait vu, ce qu'il avait fait. Le temps faisait des miracles. Souvent il oubliait un détail de ses combats passés, parfois un visage. Il oublierait cet homme aussi, il n'en doutait pas. Il lui fallait juste un peu plus de temps. La nuit était noire et seul un fin trait de lumière de la bougie qui se consumait un peu plus loin inondait la chambre. Le jour n'était pas encore levé, comme souvent lorsqu'il se réveillait d'un cauchemar, Philippe savait qu'il ne trouverait plus le sommeil. Il repoussa d'un geste las les couvertures pour s'asseoir sur le bord de son lit. Ses pieds nus touchèrent le parquet en bois épais. Simplement vêtu d'un pantalon en toile brun, il quitta le lit pour se diriger vers une bassine en métal sur la table un peu plus loin.

La décoration de la chambre était rudimentaire. Il habitait dans cette petite auberge depuis trois mois déjà, le temps pour lui de trouver une maison plus grande, en pierres, sur les hauteurs de la ville, loin des rues animées et de la foule. Mais depuis qu'il était arrivé à Cervera, il ne s'était pas beaucoup plongé dans ses recherches. Cette chambre était déjà bien plus luxueuse que tous les endroits qu'il avait fréquenté pendant ses voyages. Le jeune homme versa de l'eau dans la bassine, puis, muni d'un linge blanc qu'il plongea à plusieurs reprises dans l'eau, il s'essuya le visage, les épaules et le torse. D'un geste il fit retomber le tissus dans l'eau et ses doigts touchèrent la cicatrice qui barrait son ventre. Les exercices physiques acharnés, les entraînements, les combats avaient modelé son corps à la perfection. Mais cette cicatrice encore rouge et douloureuse ne partirait jamais. Il en avait une autre sur le flanc droit, encore une juste en dessous et d'autres dans le dos. Mais cette cicatrice qui partait de son nombril à sa cote droite, ne disparaîtra jamais totalement. Dans un gémissement de douleur, il regarda le chemin de ses doigts sur sa peau. Cela avait été le prix à payer pour tout les combats qu'il avait mené. Il était en vie, il devait s'en estimer déjà heureux. D'un pas lent, Philippe quitta la petite table pour contourner le lit et se diriger vers la fenêtre barrée d'une planche de bois grossière. Il l'écarta pour regarder à l'extérieur. Aussitôt une faible brise s'engouffra dans la pièce, éteignant la bougie. Il laissa ses yeux voyager sur la ville, sur le fleuve qui serpentait entre les bâtiments en contrebas, sur les flambeaux qui le bordaient à intervalles réguliers. Il leva les yeux vers le ciel pour regarder les étoiles. Mais les nuages étaient bien trop épais. Même le ciel ne semblait pas être de son coté ce soir là. Alors dans un soupire, il quitta la fenêtre. Il prit sa chemise blanche au pied de son lit et il la passa sur son torse. Il enfila ses chaussures en toile, il plongea sa main sous son oreiller pour y prendre une petite boite en bois qu'il fourra dans la poche de son pantalon et il quitta la pièce sans y accorder un autre regard. Il emprunta la long couloir qui menait à l'escalier étroit et qui descendait directement dans la salle de l'auberge. Elle était presque déserte à cette heure, et il ne mit que quelques courtes secondes pour slalomer entre les tables et les bancs en bois et se trouvez face à l'aubergiste derrière son comptoir.


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A suivre ..... ;)


Julia R.


 
 
 

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