L'écriture, le voyage et vice-versa
- JuliaRJ
- 25 avr. 2018
- 9 min de lecture
Bonjour à toutes et à tous!
Aujourd'hui je vous écris d'un bureau un peu particulier, à plus de 6000 kilomètres de mon "spot" habituel. D'où la thématique de cet article : l’écriture et les voyages...
Si vous avez lui Annéa et Immortels, vous avez vu qu'il est question de voyage dans la première trilogie et le premier tome de la seconde. Comme souvent, le voyage, la quête, est un point important de l'intrigue, vous en connaissez tous. Clairement Annéa est un exemple type, et à l'instant ou je vous écris, j'ai la BO du Seigneur des Anneaux en fond sonore, ( c'est inspirant ! ). Mais l'on peut écrire des années sur de merveilleuse quêtes, de voyages, de rencontres, il n'y a rien de tel que de les vivre, pour de vrai.
Il a quelques temps j'ai entamé un de mes voyages les plus important, comme Annéa j'en suis terrifiée et incroyablement excitée et émerveillée à la fois. J'ai commencé ce voyage seule, enfin physiquement du moins, car de très récents et tragiques événements m'ont montré que derrière moi, dans mon petit sac à dos, il y avait énormément de monde qui m'accompagnent. Je n'y croyais pas. Mais finalement toutes ces rencontres que j'ai eu, et ces personnes qui me manquent, elles sont là, quelque part. Je vous écris dans une chambre d'un petit appartement sans prétention, dehors il pleut depuis 24 heures. Je vous rassure, je suis sortie quand même un peu, pour me réfugier dans un café et écrire. Pourquoi? Parce que depuis que je suis là, tout est revenu. J'ai marché et marché et marché pendant des heures, j'ai malheureusement blessé ma cheville et cela fait deux jours que je ne peux plus marcher du coup, bah oui les voyages c'est cela aussi. Je suis plus ou moins coincée entre cette petite chambre d'appartement et ce café où je vais pour voir du monde, pour écouter, pour regarder et où l'inspiration s'exprime pleinement.
Pour tout vous dire je travaille actuellement sur Origines, mais j'ai emporté avec moi dans ma valise un projet qui me tient énormément à cœur. 146 pages. Je ne sais pas si il est encore temps d'en parler mais je travaille là dessus d'arrache pied depuis que je suis ici, parce que ici, je ressens toute l'énergie créatrice. Alors je me dis que finalement m'être blessée n'est pas si mal, je vais mener à terme ce projet et je vais le présenter, parce que j'y crois de tout mon cœur.
Un jour dans Démons j'ai écris un passage qui parlait de Lucy. Je me suis inspirée d'une rue, d'une maison que j'ai vu un jour lors de mes balades dans la ville où je me trouve aujourd'hui.
Ce qui est drôle c'est que la scène se passe un jour de pluie, et ce matin, j'ai traversé un quartier, identique en tous points avec celui que j'avais décris, même si ce n'était pas le même. J'ai souri.
Dans ma vie, il n'y a pas de dragons, de fées, de méchante sorcière qui veut me tuer ( encore que, peut être qu'il en existe et que je l'ignore), il n'y a pas de grande quête qui m'attend. Et pourtant, il y a un voyage, ce voyage, celui que nous entreprenons tous.

Lorsque je ne pouvais pas voyager, j'inventais un monde, mes personnages partaient loin. Aujourd'hui je voyage et ce que je vis, m'aide à écrire, m'aide à nourrir mon imagination. Je ne crois pas au hasard. Je crois que chaque chose arrive pour une raison. Moi, je crois que dans mon petit sac à dos, se trouvent toutes les personnes que j'ai connu, et qu'il y a aussi mes personnages, des petits bout de mes rencontres, mais de moi aussi. Et parfois, vous croisez des personnes où vous direz " mince mais on dirait tel ou tel personnage, c'est dingue", et parfois au détour d'une rue, ou derrière la vitre d'un café, vous croiserez le regard d'une ancienne connaissance. Une seconde, deux, trois et vous saurez alors pourquoi vous avez entrepris ce voyage. Tout simplement parce que la vie est un voyage, qu'importe l'endroit où elle vous mènera, au bout de votre rue, à l'autre bout du monde. Vous ne serez jamais plus la personne que vous étiez, et c'est bien comme ça.
Etre seule dans une ville "étrangère" même lorsqu'on l'a visité à plusieurs reprises, c'est difficile, au début, enfin j'espère que cela le sera moins avec le temps, la je galère un peu. Penser à ce que vous avez laissé loin derrière vous, aux personnes que vous ne reverrez plus, c'est douloureux, mais qui sait, peut être que vous les reverrez un jour et si ce n'est pas le cas, ce qu'il n'y avait pas lieux qu'il en soit ainsi.
Je vais me remettre à mon "projet top secret" parce que 146 pages ça fait du travail quand même et que j'aimerai le terminer tôt. Mais je vais vous mettre un petit " cadeau", la scène de "Démons" dont je vous parlai plus haut. Surtout NE LISEZ PAS si vous n'avez pas terminé "Immortels".
Et comme le monsieur au café me le dit tous les matins : ENJOY !
*** Julia R. ***
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Démons - Extrait - Chapitre 15
Julia Rebert
La pluie tombait durement à l'extérieur. Mais bien au chaud et au sec, la jeune femme se pressait dans la cuisine pour faire un thé et préparer quelques gâteaux. Debout devant le plan de travail, Lucy regardait d'un air absent dehors, les voitures garées sous les grands arbres qui bordaient la petite rue résidentielle. Elle vit un couple se presser sous une veste avant d'entrer dans une maison victorienne en briques rouge en face de la sienne. Elle entendit la bouilloire siffler et aussitôt, elle quitta la rue des yeux, quittant aussi ses pensées. Elle versa l'eau dans les deux tasses qu'elle avait préparé. Elle sortit de la pièce avec un plateau dans les mains pour entrer dans un petit salon lumineux. La cheminée était encore éteinte en ce mois de novembre, mais la neige finirait tôt ou tard par arriver et la ville serait recouverte d'un manteau blanc. Le vent cinglant s’infiltrait déjà entre les hautes tours du quartier financier dont elle pouvait à peine voir le haut des buildings de l'étage de sa petite maison. Lucy contourna le canapé pour poser le plateau sur la petite table en bois au centre de la pièce. Elle jeta un regard à la jeune femme assise un peu plus loin, dans un fauteuil tourné vers la fenêtre, là où elle-même s'asseyait souvent pour lire. Elle regarda un instant Diane dont les cheveux longs ondulaient sur ses épaules alors qu'elle avait les mains posées sur son ventre arrondi qu'elle caressait tendrement. Lucy ne parla pas, la regardant simplement, attendant qu'elle prenne la parole et lui dise pourquoi elle était là, pourquoi elle avait quitté la France pour venir passer quelques temps avec elle. Diane lui avait simplement dit qu'elle avait loué un appartement au bord du lac tout proche et qu'elle comptait rester en ville quelques mois, peut être jusqu'à la naissance du bébé, mais elle n'en avait pas dit davantage. Lucy l'avait simplement accueilli et proposé de lui faire un thé et à présent, elle attendait, patiemment. Comme si Diane pouvait lire dans ses pensées, elle la regarda. La jeune femme crut déceler une larme dans son regard, mais elle fit comme si elle ne l'avait pas vu et elle se pencha vers la table pour prendre une tasse et la lui tendre. - Votre thé, murmura Lucy en la lui donnant. - Merci, acquiesça Diane en souriant. Puis, Lucy s'assit en face d'elle. - C'est une belle maison que tu as ici, commença Diane, te plais-tu à Toronto ? - Oui, acquiesça Lucy, j'aime beaucoup la ville, je dois malheureusement encore beaucoup garder mes distances avec les personnes que je rencontre, mais beaucoup sont très amicaux avec moi. - Que leur as-tu dit ? - Comme toujours, je justifie l'absence de mes parents en leur disant qu'ils voyagent beaucoup, on ne me pose pas de questions. - Lucy, soupira Diane, tu parais avoir seize ans, et peut être devrais-tu venir vivre avec l'un d'entre nous... - Je ne les ai pas Diane, coupa Lucy, je n'ai pas seize ans et j'ai choisi de vivre seule, je m'en sors plutôt bien, et je ne reste jamais bien longtemps au même endroit. Lorsque Duncan nous a tous fait remonter dans le temps il y a quelques mois, je me suis retrouvée seule au milieu des bois, perdue au beau milieu des Etats-Unis encore sauvages à cette époque là. Il n'y avait personne pour me dire ce qu'il se passait. Je me suis débrouillée seule. J'ai eu de la chance d'avoir été trouvée par une tribu apache, énormément de chance, car j'aurais pu ne pas survivre sans eux. Et à présent que tout est redevenu comme avant, je ne compte pas renoncer à ma liberté. Je peux vivre seule, faites-moi confiance. - Peut être est-ce moi qui ne le supporte plus, soupira Diane en s'enfonçant dans son fauteuil à nouveau avant de jeter un regard dehors, la solitude peut parfois être dangereuse Lucy. Celle-ci ne répondit pas. Elle n'avait eu que très peu de contact avec Diane ces dernières années. Elle savait ce qu'il s'était passé, elle savait qu'elle avait perdu ses deux enfants et elle avait aussitôt vu lorsque Diane s'était tenue dans l’embrasure de sa porte d'entrée qu'elle en portait un autre. Lucy pouvait déceler une profonde tristesse dans le regard de Diane, une lassitude, des regrets. Que s'était-il donc passé ? Le saurait-elle un jour ? Pourquoi aujourd'hui Diane se trouvait-elle dans son salon à boire un thé ? Tout ce que la jeune femme faisait, elle le faisait pour une bonne raison, et Lucy savait que Diane avait une fois encore une bonne raison pour se trouver avec elle aujourd'hui. Mais elle ignorait si elle était vraiment en droit de lui demander quoique se soit. Pourtant, elle avait besoin de savoir. - Diane, murmura-t-elle doucement, je sais que nous étions proches autrefois, que vous m'avez élevé comme votre propre fille et je vous dois beaucoup. Mais votre vie vous a mené bien loin de moi alors aujourd'hui qu'attendez-vous de moi ? - Je l'ignore, avoua-t-elle aussitôt, je... je regrettes de t'avoir éloigné de moi. Je croyais que c'était ce qu'il y avait eu de mieux à faire. Je n'ai jamais su élever mes enfants de la bonne manière et pourtant je les ai aimé plus que je ne pourrai l'imaginer, comme toi, Lucy... Mais par ma faute, Aurore est morte, j'ai... tué John et... - Tué ? répéta Lucy. Je croyais que Duncan... - Il m'a tendu un piège, il m'a donné un ultimatum et lorsqu'il a... tranché la gorge d'Aurore j'ai... tiré... John s'est interposé et je... je l'ai tué. J'aurais pu les sauver Lucy, tout les deux mais... je ne l'ai pas... fait. Et je suis perdue. Liz, Sandro, Alfredo... je les ai tous éloigné de ma vie, comme j'ai voulu t'éloigner toi aussi. - Mais aujourd'hui vous êtes là. - J'ai besoin de toi Lucy, parce que je ne veux pas te perdre. Tu n'étais pas là et... je crois que j'aurai eu besoin que tu le sois, les choses se seraient peut être passées autrement si tu l'avais été. Plus que jamais aujourd'hui j'ai besoin de toi, parce que tu es celle qui compte le plus pour moi. Et je regrettes, je regrettes tellement ne pas t'avoir retenue autrefois, même si nous gardons contact, j'aurais voulu te voir plus souvent, je voudrais que cela change. - Je ne suis pas Aurore, Diane, répondit Lucy d'une voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu, je ne suis pas là pour la remplacer. - Non, je ne te considère pas comme un remplacement à Aurore, je vous aime tout autant toutes les deux, je veux juste... je ne veux plus perdre de temps, j'ai perdu tant d'êtres chers que je ne supporterai plus de le faire à nouveau. Je ne t'ai jamais rejeté Lucy, je t'ai accordé la liberté que tu demandais, mais tu me... manques. A présent, les larmes coulaient sur les joues de Diane. Jamais elle n'avait dit cela, à personne, jamais elle n'avait mis en mots ce qu'il s'était passé ce soir là dans la basilique du Mont-Saint-Michel, jamais Diane n'avait avoué qu'elle avait besoin de qui que se soit. Lucy le savait, elle pouvait voir dans son regard qu'elle se confiait pour la toute première fois, qu'elle avait dû endurer cela toute seule. Elle se demanda où se trouvait Liz, pourquoi elle n'était pas auprès de Diane, comment avait-elle pu garder toute cette peine et ces regrets en elle si longtemps ? Pourquoi l'avait-elle rejeté ? Lucy comprenait pourquoi la solitude était dangereuse pour Diane, elle ne faisait qu'en souffrir encore davantage. Ses yeux se posèrent sur les mains tremblantes de son amie qui se trouvaient sur son ventre. Elle n'était pas seule, elle était enceinte. Et même si Lucy ignorait tout de l'histoire, elle voyait avec quelle tendresse Diane regardait son ventre dans lequel grandissait un petit être vivant. Elle devait déjà beaucoup l'aimer. - Vous n'êtes pas seule, murmura Lucy en se levant pour la rejoindre. Elles échangèrent un regard et elle lui sourit timidement en posant une main sur les siennes. - Diane, ce bébé, il a besoin de vous. Diane émit un autre sanglot et Lucy se pencha vers elle pour la prendre dans ses bras, comme elle, elle avait été bercée et consolée par la femme qui se trouvait vulnérable aujourd'hui. Elle sentit les larmes de Diane couler sur le haut de sa poitrine, là où elle avait niché son visage. - Il est de lui, murmura-t-elle, c'est son enfant. Son fils. Cet enfant est le fils de Duncan. Alors Dieu seul sait ce qu'il peut se passer. Qui sait ce qu'il peut devenir ? Lucy ne répondit pas et elle resserra son étreinte autour de Diane en fermant les yeux. Les choses étaient alors bien plus compliquées qu'elle ne l'avait pensé. Tout était toujours bien plus compliqué. - Cela ne change rien, murmura Lucy, cet enfant est votre enfant, un être innocent. Je serai là Diane, je serai là, répéta Lucy, comme vous l'avez été pour moi. Je vous le promets.
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